voyages 2018
Compte rendu voyages 2018 au Népal :
Le Manaslu :
Les choses changent vite depuis notre visite de la vallée de la Tsum en 2014. L'argent reçu suite au tremblement de terre est manifestement employé pour les infrastructures routières. La route qui va au début du trek pour le Manaslu devrait être goudronnée, si tout va bien. De plus, la piste est quasiment déjà finie jusqu'à Tato Pani. On peut imaginer que le tour du Manaslu détrône le tour des Annapurnas car y aller et en revenir se fera sur des routes goudronnées avec comme avantages une plus grande proximité de Katmandou et d'enlever l'aléa aérien Jomosom-Pokhara. Le col dépasse la hauteur fétiche des 5000 mètres, l'ensemble devrait faire une grosse conccurrence aux Annapurnas.
Pour notre part, la météo ne nous a pas épargnée et n'avons pu profiter pleinement des panoramas. Il reste toujours une autre possibilité de longer le Manaslu, possibilité plus sauvage et plus intéressante, mais qui nécessite d'être en camping. Cette région qui avait été durement touchée par le tremblement de terre de 2015 est en pleine reconstruction, reconstruction apparemment soumise aux normes anti sysmiques.
Pokhara :
Entre le Manaslu et le Mustang, nous sommes restés 5-6 jours à Pokhara, jours correspondants au Nouvel An Népalais. On peut remarquer que ce Nouvel An coïncide avec le Nouvel An que l'Occident avait adopté dans son premier millénaire. Pokhara devient de plus en plus une ville balnéaire; les hôtels, les restaurants, les bars musicaux fleurissent autour du lac. Ce n'est pas pour autant qu'on y mange bien ou que la vie y est bon marché. De plus, il suffit d'aller dans le Pokhara non touristique pour se rendre compte du fossé colossal qui est en train de se creuser entre les deux secteurs de cette grande ville. Pokhara s'est dotée d'un bateau récupérant les déchets flottant sur le lac, malheureusement tous ces déchets ont été épandus au bout du parc du bout du lac dans un endroit qui était tranquille, propre et qui jouxte un grand temple hindouiste.
Le Mustang :
Nous qui avons connus un Mustang sans piste, nous ne pouvons être que sidérés de l'emprise routière sur cette magnifique région. Cette emprise, de plus, nous semble totalement incohérente, par exemple la fin de la route pour aller à Muktinath a été goudronnée, alors que rien n'a été fait pour améliorer la piste jusqu'à Jomosom. Ces pistes ont été parfois doublées et par endroit ont détruit des sentiers ancestraux d'une beauté magnifique, comme entre Chusang et Samar où les deux sentiers qui suivaient la gorge de chaque côté ne sont plus praticables.
En discutant avec les populations locales nous avons eu plus de paroles négatives sur cette débauche de routes que d'appéciations positives. Tous disent que à terme, ne subsistera qu'un tourisme motorisé dont Lo Mantang et Tsarang ne seront que les uniques bénéficiaires. La population a l'impression que les infrastructures sont décidées sans leur accord et sans logique. Par exemple, un nouveau pont suspendu a été fait en bas de la Dhey Khola et ce pont, s'il est facilement accessible d'un côté est extrèment difficile et dangereux d'accès de l'autre;
Le sort du village de Dhey est scellé, l'immense travail d'associations principalement françaises injecte plusieurs centaines de milliers d'euros pour déplacer le village, en faire un centre de production de pommes très important, l'ancien village deviendra à terme un camp d'alpage. Comble d'ironie cela n'empêche pas de faire une route pour aller à ce village. Une des craintes à avoir est que toutes ces routes, du moins les secondaires, ne bénéficient d'aucun budget d'entretien ayant pour conséquence à brève échéance d'avoir une montagne balafrée et des anciennes pistes disparues.
Restons tout de même positifs, le Mustang reste une des plus belles montagnes du monde, reste une sphère culturelle extrèmement riche et reste un potentiel de treks fantastiques pour autant que les grands tours opérator y changent leurs habitudes. En 2019, nous prévoyons un voyage au Mustang qui évitera grandement les effets néfastes de la route.
Au niveau de notre aide, nous avons continué à aider les quatre familles de Gheling, principalement sous forme alimentaire. Nous avons tenu nos engagements vis à vis de Dhey en leur apportant ce qu'il faut pour construire une serre, serre qu'ils ont choisis d'installer dans le nouveau village et non pas dans l'ancien comme initialement prévu.
Le Dolpo :
Nous avions choisi de faire une traversée Est-Ouest, étant conscients que dans ce sens cette traversée est plus exigeante que dans l'autre. Les 4-5 premiers jours ont été marqués par un mauvais temps particulièrement exceptionnel puisque nous avons pu comtempler une neige importante et tenace sur tout le Mustang jusqu'à une altitude de 4000 mètres. Notons aussi que l'ancien sentier balcon pour aller à Santa a été remplacé par une piste....
Ce mauvais temps et le froid a eu comme incidence pour notre équipe d'avoir une mule morte. Le Dolpo reste encore un endroit très peu fréquenté du fait de l'obligation de franchir plusieurs cols à plus de 5000 mètres. En cette saison l'aléa est d'avoir encore des cols enneigés, par contre les jours sont plus longs et il fait plus chaud qu'en Septembre Octobre.
La piste du Marin la, qui est un col qui permet d'accéder au Tibet, est devenue accessible aux motos et aux tracteurs permettant de récupérer des produits de manufacture chinoise pendant une quinzaine de jours en Août. Vu le relief et au bilan de ce que l'on voit, on peut imaginer de longer plus ou moins la frontière jusqu'à la piste rejoignant Lo Mantang par le Haraniko Chuli.
Pour des raisons qui n'ont pas lieu d'être abordées ici, nous avons dû, à partir de Bijer, rejoindre Jumla par une route sud plutôt que suivre la route nord.
Une mention particulière au cheminement entre Bijet et Shey Gumba, cheminement vraiement esthétique. De Shey Gumba il est aussi plus intéressant, toujours pour des raisons esthétiques, de passer derrière la Montagne de Crystal, franchir le col à la moitié de la Kora et redescendre par les gorges jusqu'au lac de Phoksumdo.
Nous avons eu la chance de rester au Dolpo pendant la pleine saison de la récolte du Yarsagumba; le Yarsagumba est une symbiose entre un champignon et un ver, il est réputé aphrodisiaque et les Népalais le vendent à prix d'or aux Chinois. Cette manne financière est indispensable aujourd'hui au maintien de la population dans ces montagnes; sa récolte est devenue un fait de société à tel point que les écoles sont fermées pendant cette période. Il ne reste dans les villages que les vieux et les tous petits enfants; des villages de tentes se créent dans les montagnes, les gens cueillent le jour et font la fête le soir avec force alcool, tibetan tea (thé salé au ghee) et autre rakshi! ...
Trouver une équipe de locaux dans ces circonstances est quasi impossible, ne reste qu'à recourir à des équipes de guides ou de porteurs qui ne sont pas du Dolpo et qui évidemment ne pourront vous faire découvrir de la même manière les richesses du pays. Un grand merci à notre agence, Himalayan Companion, pour leur solidité et leur connaissance de leur pays, sans oublier leur gentillesse et dévouement.
Le Dolpo est aussi une terre où la religion Bön est fortement ancrée; passer à côté de cette culture antérieure au boudhisme serait pour notre part fort dommage.
La descente sur Jumla permet de revoir un culte animiste encore fort marqué et vivace.
Ainsi se finissent nos deux mois et demi de séjours dans les montagnes népalaises.
Pour ceux ou celles qui voudraient des renseignements complémentaires sur des treks au Népal, ils peuvent nous faire un mail; nous y répondrons avec plaisir.
Juillet 2018 :
Nous sommes retournés à Leh en Juillet et sommes allés voir les Cham (danses masquées) au monastère de Korzok près du lac Tsomoriri. Nous avions eu l'occasion l'année précédente de voir les répétitions sans les costumes. Nous avons retrouvé avec plaisir un jeune moine d'une vingtaine d'années qui a bien voulu répondre à nos questions et qui était fort surpris et réjoui de nous voir revenir deux fois de suite dans son pays.
Août 2018 :
Nous avons fait un circuit culturel sans marche dans un environnement confortable pour découvrir les grands monastères de l'Indus et leurs fêtes. Nous sommes partis dans la vallée de la Nubra visiter d'autres monastères. Nous avons été jusqu'à la frontière pakistanaise dans l'ancien royaume de Gilgit. Nous avons eu l'occasion de rencontrer le descendant des rois de cette région. Nous avons profité des abricots en pleine période de maturation ainsi que des célèbres chameaux de Bactriane. Ces chameaux qui servaient au commerce avec le Tibet sont restés dans cette enclave quand la Chine a fermé ses frontières, et au lieu de porter les marchandises, ils portent maintenant les touristes!
Nous sommes ensuite descendus jusqu'à Shrinagar sur les Houses Boats sur le site enchanteur de Dal lake. De là nous avons fait quelques escapades au Cachemire ou nous avons été plutôt bien reçu par la communauté musulmane.